Chronologie
pour lédition américaine de Au pays de la Cloche fêlée de Ngo Van
On peut dire sans exagérer que la guerre coloniale a en fait commencé à partir du moment où les premières troupes françaises ont mis le pied en Indochine en 1859 et na jamais cessé. Le pouvoir colonial français une fois établi dans le pays, a mené une lbataille permanente contre la population paysanne et ouvrière en révolte latente ou ouverte, jusquà ce que les Français, puis les Américains soient finalement chassé du pays plus quun siècle plus tard. La chronologie suivante (basée principalement sur Vietnam 1920-1945 de Ngo Van et sur lédition anglaise dun précédent texte de Ngo Van, Revolutionaries They Could Not Break) ne mentionne que quelques-uns des événements les plus significatifs pour aider à orienter le lecteur.
1615. Des missionnaires jésuites arrivent en Indochine. Pour favoriser la pénétration du christianisme, ils créent le quoc ngu, transcription romanisée de la langue vietnamienne, pour remplacer le chu nom, qui employait des idéogrammes empruntés à lécriture chinoise, inaccessible au commun des mortels. Comme en bien dautres régions, le christianisme et le mercantilisme sont avant-coureurs de la conquête coloniale.
1857-1870. Napoléon III lance une croisade catholique sous prétexte de protéger les catholiques persécutés par lempereur Tu Duc. Saigon est pris en 1859 et le port est ouvert aux navires marchands français. Tu Duc engage le peuple à se soulever contre les envahisseurs étrangers. Des révoltes se répandent dans toute la Cochinchine. Les Français répondent par des massacres et le processus de lannexion continue.
1870-1893. Après la chute
de Napoléon III (juillet 1970) et lécrasement de la Commune de Paris (mai
1871), la Troisième République reprend la conquête. En 1874 Tu Duc est forcé
à
signer un traité de paix, damitié et dalliance perpétuelle entre la France
et le royaume dAnnam qui loblige à reconnaître la souveraineté de la France
sur la Cochinchine, à ouvrir le fleuve Rouge au commerce de la France entre la
Chine et les ports de Qui Nhon, Haiphong et Hanoi.
Cependant, le Tonkin
nest pas encore soumis et sa conquête se poursuivit sous le gouvernement
Jules Ferry (1880-1885). Ferry, un des bouchers de la Commune,
déclare: Les races supérieures ont le devoir de civiliser les races
inférieures. Il note aussi que, par une coïncidence heureuse, ce devoir noble
va saccompagner de quelques bienfaits plus matériels: LEurope
peut être considérée aujourdhui comme une maison de commerce qui voit décroître
son chiffre daffaires. La consommation européenne est saturée; il faut
faire surgir de nouvelles couches de consommateurs. (...) Les colonies sont pour
les pays riches le placement de capitaux le plus avantageux.
1893. La France a
maintenant conquis tout ce qui sera connu sous le nom de lIndochine française,
comprenant le Vietnam, le Cambodge et le Laos. Les colonisateurs divise le
Vietnam en trois régions: le Tonkin dans le nord (capitale: Hanoi), lAnnam dans
le centre (capitale: Hue) and la Cochinchine dans le sud (capitale: Saigon). Le
Tonkin et lAnnam sont protectorats (comme le sont également le Cambodge et le
Laos); la Cochinchine est une colonie.
Les protégés français
tonkinois et annamites sont laissés formellement sous ladministration des
dirigeants indigènes et soumis à des régimes judiciaires féodaux dont les
châtiments comprennent toute une gamme de tortures. Les sujets français
cochinchinois sont directement sous ladministration française et soumis officiellement
à une version modifiée du Code Pénal française.
Cependant, en réalité soumis aux mêmes genres de brutalités arbitraires
que ceux des protectorats.
Les profits français proviennent de lexploitation des ressources naturelles (charbon, minéraux,
caoutchouc, riz, coton) et de la main-doeuvre bon marché. Le pays devient aussi
un
marché exclusif pour les produits industriels manufacturés en France.
Le fonctionnement
normal de léconomie saccompagne dun niveau incroyable de corruption.
En dehors des combines relatives à lachat de terres,
aux contrats de construction, etc., les administrateurs coloniaux ou leurs
copains soctoient
souvent des monopoles sur certains produits, puis
imposent des quotas de consommation de ces produits dans la populations locale
pour augmenter leurs profits.
La domination coloniale
sape léconomie agraire féodale basée sur le mode de production dit asiatique en
introduisant la production capitaliste, engendrant ainsi de nouvelles classes
sociales comparables à celles du pays colonisateur, bien quavec certaines
caractéristiques différentes:
• Les paysans, qui comprennent limmense majorité de la population, sont exploités par les grands propriétaires. Constamment au bord de la famine, la masse de paysans est saigné à blanc, non seulement par les propriétaires indigènes, mais par les impôts imposés par le régime colonial, surtout limpôt de capitation.
• Un prolétariat agricole se développe dans les rizières, les domaines des grandes entreprises, les plantations de caoutchouc, etc., et dans les terres qui appartiennent à la Mission catholique, travaillant dans des conditions souvent proches de lesclavage. Reveil à 3 heures du matin, rassemblement à 4 heures, [ils ne reviennent] quà la nuit tombée. (...) Le coolie étant lié pour trois ans par un contrat qui lui interdit de travailler pour un autre employeur pendant cette durée (...) Les coolies engagés à 0,40 piastres par jour nont pas réfléchi quavec les retenues qui leur sont faites pour la fourniture de riz, le remboursement des avances, les jours de repos non payés, et, en plus, des amendes, ils seraient loin de toucher 18 piastres par mois (Rapport de M. Delamarre, Inspecteur des Affaires Politiques: Enquête de mars 1928 aux plantations de Mimot). Les maîtres ont droit de vie et de mort sur les travailleurs, et les plantations ont généralement leurs prisons et cachots privés.
• À côté se développe un prolétariat neuf dans les mines, les grandes sociétés travaux publics, électricité, ciment, distillerie, transports. Ces travailleurs nont pas dorganisations ni aucune expérience politique, mais peu à peu ils se radicalisent, surtout dans les villes.
• La bourgeoisie européenne et chinoise dirige et domine la bourgeoisie indigène.
• La propriétaires et les bourgeois indigènes soutiennent le régime colonial, auquel ils doivent leur prospérité.
• Une grande partie de la petite bourgeoisie indigène sincorpore dans lappareil administratif et militaire.
1904. Phan Boi Chau fonde la Ligue pour la modernisation, dont le but est de chasser les Français et détablir une monarchie constitutionnelle sous légide du prince rebelle Cuong De. L’année suivante Phan Boi Chau et Cuong De senfuirent au Japon, où ils tentent, sans succès, de sassurer laide japonaise.
1912. Phan Boi Chau, maintenant exilé en Chine, fonde la Ligue pour la restauration du Vietnam, qui inspire plusieurs assassinats et révoltes avortées au Vietnam.
Années 1920. Un groupe
démigrés vietnamiens à Paris sont appelés par leurs compatriotes les Cinq
Dragons: Phan Chau Trinh, Phan Van Truong, Nguyen The Truyen, Nguyen An Ninh
et Nguyen Ai Quoc (desormais nommé ici Ho Chi Minh, nom quil a adopté en 1942).
Quoique dorigine et de perspectives diverses, leur dénonciation de la
domination coloniale et leur détermination à libérer leur pays plantent les
premiers jalons de la Révolution indochinoise des années trente.
Tous reviennent au
Vietnam pour sopposer ouvertement au régime colonial sauf Ho Chi Minh, qui
reste en dehors du pays (il n’y reviendra qu’en 1941) faisant la navette entre Moscou et la Chine. En attendant, le Parti communiste français envoient
nombre détudiants émigrés vietnamiens à Moscou pour y être formés comme
révolutionnaires professionnels. Ils deviendront les cadres staliniens du futur
Parti communiste indochinois.
1923-1926. En Cochinchine, Nguyen An Ninh publie La Cloche fêlée, avec le sous-titre ironique: organe de propagande des idées françaises. Considérant que le Vietnam est étouffé par la surveillance et loppression, il conseille à ceux qui peuvent le faire de se rendre en France ou au moins de se familiariser avec ses meilleures traditions pour élargir leur horizon. Selon lui, si loppression coloniale vient de France, on peut trouver également lesprit de libération au pays des Lumières, de la Révolution et de la Commune de Paris.
1925. À Canton, en Chine, sous le patronage de la Troisième Internationale, Ho Chi Minh fonde le Thanh Nien Cach Mang Dong Chi Hoi (Association des camarades de la jeunesse révolutionnaire). Les membres en sont dotés dun rigoureux entraînement idéologique et pratique en Chine, puis renvoyés au Vietnam. Le Thanh Nien senracine principalement parmi les paysans, se répandant du nord au sud.
1927. À Hanoi, un groupe d’enseignants et d’étudiants forme le Viet Nam Quoc Dan Dang (VNQDD/Parti national du Vietnam), dont le but est de chasser les Français dIndochine, de bouleverser le système féodal indigène et détablir une république démocratique. Comme moyens, ils préconisent la conspiration, les complots militaires et le terrorisme.
Février 1930. Révolte de
linfanterie de Yen Bai (au Tonkin), fomentée par le VNQDD. La révolte est
noyée dans le sang et le VNQDD est pratiquement annihilé.
Le Thanh Nien se fond
avec dautres groupes similaires pour former le Parti communiste indochinois
(PCI).
Mai 1930-début 1931. Des milliers de paysans marchent sur les centres administratifs pour revendiquer la baisse de limpôt de capitation et labolition du travail forcé. Le régime colonial répond en tirant sur les foules non armées. Les paysans se livrent alors à des actions plus insurrectionnelles, attaquant des postes militaires et des stations de police, libérant des prisonniers, pillant des marchés, détruisant des fiches dimpôt et exécutant des notables particulièrement haïs. Aux provinces de Nghe An et Ha Tinh (en Annam), ils sorganisent en soviets, semparant des terres et partageant la nourriture stockée. Ces mouvements sont largement spontanés, mais nombre dentre eux connaissent une forte participation et influence du PCI. Dans la répression qui sensuit, des milliers de paysans sont massacrés, dautres milliers sont emprisonnés, et le PCI est gravement atteint.
1930-1932. Diverses tendances oppositionnelles dans le PCI critiquent les politiques dirigées depuis Moscou, contamment changeantes, dans lesquelles la base populaire du Parti ne sert que de pions pour des actions de masse. Ces tendances se rallient aux positions de lOpposition de gauche de Trotski et ses partisans, revendiquant lindépendance et la révolution sociale, la terre aux paysans et les usines aux travailleurs, tandis que le PCI réclame lindépendance dabord, le socialisme devant suivre quelques étapes plus tard. Parmi ces courants oppositionnels, il est un groupe formé à Saigon en 1931 par des étudiants vietnamiens expulsés de France. Cest ce groupe que Ngo Van rejoint en 1932.
Avril-mai 1933. Les
procès de 21 activistes de lOpposition de gauche et de 121 membres du PCI
mènent à un arrêt temporaire du mouvement clandestin, la plupart de ses leaders
étant en prison ou déportés au bagne.
À loccasion des
élections au Conseil municipal de Saigon, les staliniens et les trotskistes
encore en liberté se rassemblent pour créer le journal hebdomadaire La Lutte,
saccordant à sabstenir de se critiquer mutuellement pour affronter ensemble le
régime colonial sur le terrain légal. Cette alliance étonnante et sans précédent
(vu quen Russie et partout ailleurs dans le monde les partis staliniens
demandent lextermination des trotskistes) se produit en partie parce que Ho Chi
Minh et la haute bureaucratie stalinienne restent en dehors du pays, avec peu de
possibilité dy contrôler directement la base du Parti; en partie parce que les
trotskistes vietnamiens ont parmi les travailleurs des racines plus fortes que
les staliniens, ce qui rend plus difficile pour ceux-ci demployer leurs
tactiques habituelles; et en partie parce que les partisans des deux côtés ont
partagé des conditions de lutte extrèmement dures et tiennent beaucoup à se
créer un peu d’espace de répit.
1935. Après le pacte Laval-Staline qui allie la France et la Russie, le PCI, sur les pas du Parti communiste français, ne parle plus de lutte de classes ni de combattre limpérialisme français. Les trotskistes dans le groupe La Lutte, contraints par leur accord de front uni avec les staliniens, restent silencieux. En protestation contre cet abandon de principe, Lu Sanh Hanh, Ngo Van et Trinh Van Lau fondent la Ligue des communistes internationalistes pour la construction de la IVe Internationale, et dans une feuille de combat, Tien Dao, dénoncent les accommodations de La Lutte avec la trahison stalinienne.
1936-1937. Le Front
populaire prend le pouvoir en France, mais déclare son intention de maintenir
lempire colonial français. Au Vietnam, des comités daction répandus tentent
de convoquer un Congrès indochinois qui présenterait leurs revendications au
Front populaire. Ces comités sont vite réprimés. Une vague massive de grèves
sensuit, également réprimées.
Sur ordre de Moscou, le
Parti communiste français fait pression sur les staliniens vietnamiens pour
quils rompent avec les trotskistes. Les staliniens quittent La Lutte et
aussitôt fondent un autre journal, LAvant-garde, dans lequel ils dénoncent
leurs alliés trotskistes dhier comme frères jumeaux du fascisme.
1938-1939. Le PCI adopte
une position ardemment franco-patriotique, soutenant la campagne demprunt du
gouvernement colonial pour la défense de lIndochine française contre la menace
japonaise et la conscription de 20 000 troupes indigènes. En conséquence de
cette position impopulaire, le PCI, qui est allié avec le Parti
constitutionaliste bourgeois dans les élections du Conseil colonial, est vaincu
en avril 1939. Les trotskistes, par contre, réussient à faire élire trois
dentre eux malgré une plateforme explicitement radicale.
Ho Chi Minh est
furieux de la victoire trotskiste. En mai 1939, de Guilin en Chine, il écrit
une série de lettres à ses camarades au Vietnam diffamant les trotskistes et
imitant servilement la propagande délirante et meurtrière des récents procès de
Moscou, lettres qui sont publiées dans le journal stalinien de Hanoi, Notre
Voix. Quelques extraits:
Les trotskistes chinois comme les trotskistes dautres pays (...) ne sont quune bande de malfaiteurs, des chiens de chasse du fascisme japonais et du fascisme international. (...) En liaison secrète avec la police et les patrons japonais, les trotskistes sintroduisent dans les grèves ouvrières de Shanghai et emploient tous les moyens pour saboter le mouvement. (...) En Espagne, ils se nomment Parti ouvrier dunification marxiste (POUM). (...) Ce sont eux qui constituent les nids despions à Madrid, à Barcelone et en dautres lieux au service de Franco. Ce sont eux qui organisent la célèbre cinquième colonne, organisme despionnage de larmée des fascistes italiens et allemands. (...) Les trotskistes français (...) se sont fixés comme but de saboter le Front populaire. Avez-vous vu les actes daccusation des procès en Union Soviétique contre les trotskistes? Cette lecture vous aidera à voir le vrai visage répugnant du trotskisme et des trotskistes. (...) Il faut les exterminer politiquement.
1940. Le Pacte Hitler-Staline (août 1939) mène à une nouvelle volte-face du PCI. Cette fois, les staliniens concentrent la lutte contre limpérialisme français, tout en minimisant la menace du fascisme, bien que lAllemagne nazie soit sur le point denvahir la France et le Japon sur le point denvahir lIndochine. En conséquence, le PCI lance une insurrection paysanne en Cochinchine qui est noyée en sang; des milliers de paysans sont tués ou emprisonnés, et des centaines dautres sont condamnés à mort.
1940-1945. Les Japonais occupent lIndochine, mais permettent à ladministration coloniale française (pro-Vichy) de continuer à maintenir lordre (ce qui laisse libres les Japonais denvahir le Siam, la Birmanie, la Malaysia, etc.).
1941. Ho Chi Minh met sous le boisseau létiquette communiste et crée le Vietminh (Viet nam doc lap dong minh hoi/Alliance pour lindépendance du Vietnam). Il élimine la lutte de classes et la révolution agraire de son programme pour ne pas effrayer les bourgeois et les propriétaires fonciers quil espère amener dans cette Alliance. Malgré cette nouvelle étiquette, le Vietminh est effectivement une continuation du PCI.
1941-1944. Suite à linvasion de la Russie par Hitler (juin 1941), Ho Chi Minh se concentre une fois encore sur la guerre contre le fascisme et cherche des alliances avec les Alliés, y compris les forces des Français libres sous le général de Gaulle et lOSS américain (Office of Strategic Services, prédécesseur de la CIA), qui lui fournit des armes et des conseillers.
Mars-août 1945. Les Japonais reprennent en main ladministration de lIndochine, écartant le régime colonial français, jusque-là toléré, et se présentent comme libérateurs de la domination occidentale.
Août 1945. Les Japonais
se rendent. Les Alliés décident que le Vietnam sera occupé par les troupes
chinoises de Chiang Kai-shek au Nord et les troupes anglo-indiennes du
général Gracey dans le Sud, étant entendu que le pays sera rendu aux Français
aussi tôt que possible.
Avant larrivée des
troupes doccupation, le Vietminh de Ho Chi Minh, profitant de la vacance du
pouvoir, prend le pouvoir à Hanoi, organise une chasse des trotskistes
(traitres à la patrie), détruit les conseils ouvriers formés par les mineurs
de Hongai-Campha et empêche les paysans accablés de famine de saisir et
redistribuer la terre.
En même temps, Saigon
entre dans un état deffervescence. Surgissant dune pléiade de réseaux populaires et de
groupements radicaux ou nationalistes, nouveaux ou réactivés, le leader stalinien
Tran Van Giau se nomme chef dun Comité executif provisionnel. Plusieurs
groupes nationalistes se rallient à ce gouvernement dominé par le Vietminh.
Le 25 août, une immense
manifestation a lieu au centre de Saigon. Ngo Van et dautres membres de la
Ligue des communistes internationalistes y participent, revendiquant tout
pouvoir aux comités populaires comités qui poussent dans la ville comme
des champignons, défiant lautorité de Tran Van Giau, de sa police politique
et de ses gangs armés.
Septembre 1945. À Hanoi,
Ho Chi Minh proclame lindépendance du Vietnam, tandis quà Saigon le Vietminh
organise une parade militaire et appelle la population
à accueillir
chaleureusement les troupes alliées du général Gracey. Une fois dans la ville,
Gracey flanque avec mépris à la porte du Palais du gouverneur le Comité executif
provisionnel du Vietminh et réarme les colonialistes français. Les forces du
Vietminh abandonnent la ville et sétablissent dans la campagne avoisinante,
recommandant vivement au peuple de rester calme pendant que son gouvernement
provisoire tente de négocier avec les forces envahissantes.
Simultanément, les masses de gens ordinaires de Saigon, refusant daccepter le retour
des colonialistes détestés, tentent par tous les moyens possibles de sarmer pour
chasser ceux-ci hors de la ville. Cest aussi le choix de Ngo Van et de ses camarades.
22 septembre 1945.
Insurrection à Saigon. Le peuple de Saigon érige des barricades partout dans
la ville contre les Français. Après plusieurs jours de combat de rue, les
Français reprennent le contrôle de la ville, mais les insurgés controlent les
zones avoisinantes.
Poursuivis par les
colonialistes français vengeurs et par les staliniens, Ngo Van et ses camarades de
la Ligue se regroupent à lextérieur de Saigon et rejoignent la Milice ouvrière,
unité combattante créée par les travailleurs des tramways pour combattre les
Français tout en restant indépendants des staliniens et des nationalistes.
1945-1946. Dans le Sud,
le Vietminh exécute tout trotskiste quil peut
attraper, puis il attaque les sectes
religieuses Cao Dai et Hoa Hao et les autres groupes armés qui sopposent au
retour des Français.
Dans le Nord, Ho Chi Minh
sallie avec les troupes doccupation chinoises pour maintenir son pouvoir, puis
accueille le retour des troupes françaises pour se débarrasser des Chinois.
Après avoir exterminé pratiquement tous les trotskistes, il détruit tous les autres
mouvements nationalistes et groupes aux tendances radicales, établissant ainsi son pouvoir
politique total au Nord et son contrôl total sur la résistance dans le Sud.
Tel est létat des choses à
la veille de la Guerre de Trente Ans.
Version française de la Chronology dans In the Crossfire: Adventures of a Vietnamese Revolutionary (AK Press, 2010), édition américaine de Au pays de la Cloche fêlée de Ngo Van. Cette chronologie a été préparée par Hélène Fleury et Ken Knabb. Traduite de l’américaine par Ken Knabb et Hélène Fleury.
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